Présence de polluants éternels
dans de l’eau du robinet des Hauts de Seine :
L’UFC-Que Choisir 92 Nord exige
de véritables mesures de protection des consommateurs !
Dans le cadre d’une étude de l’UFC-Que Choisir et Générations Futures démontrant l’omniprésence en France des polluants éternels dans l’eau du robinet, l’UFC-Que Choisir 92 Nord révèle la présence de PFAS dans le prélèvement réalisé à Clichy (l’une des onze communes que notre association couvre). Au vu de ce résultat inquiétant, notre association exige que les pouvoirs publics appliquent des normes véritablement protectrices tout en renforçant les contrôles, et enjoint les parlementaires des Hauts de Seine d’adopter sans délai la proposition de loi visant à limiter les rejets de PFAS dans l’environnement et à interdire leur utilisation dans certains produits de consommation.
Les perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS) sont une famille de substances couramment utilisées depuis les années 1950 dans des produits professionnels (pesticides, mousses anti-incendie, médicaments…) ou du quotidien (vêtements, emballages, ustensiles de cuisine antiadhésifs…). Beaucoup de ces molécules sont non seulement très toxiques (maladies thyroïdiennes, cancers du rein, lésions du foie…), mais aussi quasiment indestructibles d’où leur surnom de ‘’polluants éternels’’.
PFAS : quand on cherche, on trouve !
Alors que des PFAS ont été détectés dans la quasi-totalité des 30 communes (29 sur 30) testées à travers la France par l’UFC-Que Choisir et Générations Futures, les analyses sur le prélèvement de Clichy ont révélé la présence de TFA (acide trifluoroacétique), un résidu de dégradation des pesticides PFAS et d’autres produits chimiques éternels, à la teneur de 160ng/l. Mais cette substance à la teneur que nous avons trouvée représente-elle un risque pour les consommateurs ?
Pour les autorités françaises, ‘RAS’ sur le prélèvement de Clichy…
Cela étant, comme le TFA n’apparaît pas dans les plans de contrôles officiels, sa présence éventuelle passe actuellement sous les radars, ce qui signifie que s’il était recherché dans le cadre d’un contrôle officiel sur l’eau du robinet, et selon une approche plus rigoureuse, le prélèvement de Clichy serait considéré comme non conforme, la valeur relevée étant supérieure à la norme applicable aux pesticides qui devrait s’appliquer[1].
L’urgence à interdire la fabrication et les rejets de PFAS
Alors que nos prélèvements effectués sur le reste du territoire national confirment l’omniprésence des PFAS dans notre environnement, les mesures pour réduire ces pollutions à un niveau acceptable vont représenter un coût colossal estimé à 100 milliards d’euros par an au niveau européen[2]. Pourtant, cette coûteuse dépollution ne servira à rien si les industriels continuent à déverser des PFAS dans l’environnement. En effet, sur les milliers de PFAS créés par l’industrie, seulement 3 sont interdits à ce jour[3].
Une proposition de loi[4] prévoit d’interdire l’utilisation de PFAS dans certains produits de consommation (cosmétiques, vêtements, textiles…), de réduire drastiquement les rejets par les usines et d’obliger les industriels à payer la dépollution. Mais cette loi votée en première lecture par l’Assemblée nationale et le Sénat attend toujours son adoption définitive depuis la dissolution.
Refusant que 100 % des consommateurs français continuent à être contaminés par les PFAS[5], l’UFC-Que Choisir 92 Nord :
- Demande d’intégrer la recherche du TFA au plan de contrôle officiel et d’adopter des normes plus protectrices sur la présence des PFAS dans l’eau du robinet, basées sur des données toxicologiques récentes ;
- Exige l’interdiction de tout pesticide considéré comme PFAS ;
- Enjoint les parlementaires des Hauts de Seine d’adopter sans délai la proposition de loi visant à protéger la population des risques liés aux substances per- et polyfluoroalkylées.
[1] La teneur maximale définie dans l’eau pour les pesticides (100ng/l) devrait s’appliquer au TFA puisqu’il résulte de la dégradation d’un pesticide. Pourtant à ce jour le TFA n’est pas intégré dans le plan de contrôle officiel sur l’eau du robinet.
[2] ‘PFAS : le coût vertigineux de la dépollution de l’Europe’ – Raphaëlle Aubert et Stéphane Horel – Le Monde – 14 janvier 2025
[3] À l’échelle internationale, certains PFAS sont déjà interdits par la Convention de Stockholm : le PFOS (acide perfluorooctanesulfonique) depuis 2009, le PFOA (acide perfluorooctanoïque) depuis 2020 et le PFHxS (acide perfluorohexane sulfonique) depuis 2022.
[4] Proposition de loi visant à protéger la population des risques liés aux substances per- et polyfluoroalkylées
[5] Une enquête réalisée par le Ministère de la Santé a révélé la présence dans le sang de PFOA et de PFOS sur la totalité d’un échantillon de près de mille personnes – Imprégnation de la population française par les composés perfluorés : Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016 – septembre 2019 – Ministère de la Santé.